Papy va aux fraises

Photographie, mémoire, transmission, jardin, disparition

Ce projet intime et symbolique part d’un geste simple : planter un jeune prunier dans un mètre carré de jardin, au moment précis où la mémoire de mon grand-père commence à vaciller. 
L’arbre vient d’une pépinière sauvage qu’il entretenait. Un jour,  j’ai trouvé un oiseau mort. On l’a enterré au pied du prunier. Ce geste, mêlé à ce qui s’éteint et ce qui commence, a lancé un rituel.  
Oh, et puis le prunier finalement est un pommier sauvage.

Lors d’un atelier animé par le collectif SUSTAINABLE DARKROOM, j’ai choisi de définir ce carré de terre comme terrain d’observation. 
Je souhaite mener un travail photographique lent, expérimental, au long cours, dans le quotidien, à partir de procédés alternatifs (révélateurs végétaux, cyanotype, empreintes du sol). 
C’est un lieu de veille, de croissance, de deuil, de soin.  
D’apprivoisement de la disparition en cours de mon grand-père à mesure que l’arbre donnera des fruits.

Le projet prend la forme d’une narration sensible, écriture fragmentaire, photographie artisanale, gestes de jardinage et évocations de l’enfance. 
C’est aussi un hommage discret à une figure aimée, un grand-père silencieux, marcheur et cultivateur de mémoire.  

 "Papy va aux fraises" interroge ce dont on hérite, ce qu’on transmet, et comment on veille sur ce qui nous précède comme sur ce qui pousse.